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Beitrag vom 08.09.2010
Interview avec Maud Lethielleux
Evelyn Gaida
L´auteure, musicienne, metteuse en scène et mère a gardé intact son désir de liberté. Depuis l´âge de 18 ans, elle voyage dans le monde entier. Son magnifique premier roman "Dis oui, Ninon" ...
... est une véritable découverte. La vie d´une famille désunie, menant une existence alternative à la campagne, y est racontée par une petite fille de neuf ans. Plein d´esprit, de poésie, de comique de situation, de chaleur et d´originalité, empreint d´une grande connaissance des êtres et d´amour de la nature, son roman implique le lecteur et ne cache pas pour autant les difficultés rencontrées par les personnges du fait leurs conditions de vie et de la situation particulière de cette famille.
Dans l´interview qu´elle a accordé à AVIVA-Berlin, Maud Lethielleux raconte de quelle manière sa propre enfance lui a inspiré ce roman et évoque les "milliers de photos de sa mémoire". Elle a joué de la musique au Rajasthan avec des Tsiganes, pratiqué le théâtre alternatif en Israel, voyagé avec une companie de danse en Australie et en Nouvelle Zélande, a appris à jouer de la contrebasse en Transylvanie, pris des cours de chant en Inde et joué pour soutenir l´aide humanitaire en Bosnie. Son style témoigne d´une grande finesse de perception et d´un esprit ouvert face à la vie. On ressent son désir de vivre et de partager des expériences intenses avec les autres. En même temps, une impression de sérénité se dégage de ses paroles. Se sentir chez soi, dans n´importe quelle condition est ce qu´elle a appris. L´auteure évoque le caractère visuel de son écriture, le mélange entre réalité et fiction, les réactions de sa famille à son roman, l´apport de ses voyages et nous dit que, finalement, on peut aller très loin.
(Traduit par Marie Heidingsfelder et Aurélia Vartanian)
AVIVA-Berlin : Vous êtes également metteur en scène et musicienne. Qu´est-ce qui vous a inspiré dans l´écriture de ce premier roman "Dis oui, Ninon" ?
Maud Lethielleux : En fait je ne suis pas cinéaste mais metteur en scène de spectacles vivants… Ce qui m´a inspirée ? Mon enfance... J´ai pensé qu´en parlant de mon enfance, j´abordais un sujet que je connaissais vraiment. Mais je ne souhaitais pas raconter ma vie, ou plutôt, j´avais envie de raconter ma vie comme si elle n´était pas la mienne. La petite fille que j´étais est donc devenue le personnage de Ninon. D´ailleurs Ninon est inspirée de moi, mais aussi de mes enfants, de ma petite sœur, et d´enfants rencontrés en voyageant.
AVIVA-Berlin : L´écriture de ce roman s´est-elle avérée longue et difficile, ou bien avez-vous pu écrire le livre un seul jet ?
Maud Lethielleux : Je l´ai écrit d´un seul jet très puissant ! En fait Dis oui, Ninon n´est pas un projet que j´ai muri. Il s´est imposé à moi un après-midi, j´allais au Maroc en voiture et peu de temps avant d´arriver à destination, près de Casablanca l´idée est venue. C´était tellement fort, tellement inattendu qu´en arrivant je n´ai pas résisté, j´ai commencé aussitôt à écrire. Et le mois qui a suivi je suis restée plongée dans cette histoire. L´écriture me traversait, c´était très joyeux et incroyable : mon histoire devenait celle de Ninon. Je redécouvrais ma vie comme une étrangère, j´aimais cette enfant, j´ai eu le sentiment de lui tenir la main pendant un mois, qu´elle me dictait l´histoire. J´ai souvent ri et pleuré en écrivant.
AVIVA-Berlin : Comment avec vous procédé pour adopter le point de vue d´un enfant en abandonnant perspective adulte ? Est-ce que c´était difficile pour vous ?
Maud Lethielleux : Je pense avoir en partie répondu ! Ce n´était pas difficile car absolument pas intellectualisé. C´était un flot de paroles, une voix, la question du choix des mots ne se posait pas. Ninon ne parle pas tout à fait comme une enfant classique, elle parle comme une enfant qui grandit avec de jeunes adultes, elle emprunte des expressions argotiques dont elle ne connait pas le sens, elle dit des gros mots, interprète des expressions de travers, et ça donne un langage particulier qui venait naturellement. L´écriture est très libre, parfois d´un souffle, et c´est peut-être finalement plus grâce au rythme et aux jeux de langage que l´on reconnait que la narratrice est une enfant.
Je me suis surtout amusée à être dans sa tête, de comprendre sa façon de penser, d´interpréter ce que disent les adultes. Ninon réfléchit, cherche des réponses, est très spontanée et j´ai essayé de suivre sa pensée qui va très vite et où l´imagination et la réalité se confondent.
AVIVA-Berlin : Il y a dans ce roman beaucoup des concordances avec votre vie : votre enfance à la campagne à Baugé avec des parents très jeunes, le grand-père chinois, la musique, la vie dans un éco-village. Quelle relation entretiennent la fiction et les souvenirs dans votre livre ?
Maud Lethielleux : Comme je le disais tout à l´heure, Dis oui, Ninon est très inspiré de mon enfance. J´en ai gardé le contexte, la façon de vivre très marginale, mais aussi mes origines chinoises et de nombreuses anecdotes. Mais je l´ai construit sur un mode de roman, l´histoire se passe de nos jours, elle se déroule sur une année. Je n´ai pas gardé la chronologie exacte et j´ai tendu le fil de l´histoire, comme le serait celui d´un roman. Je tenais à ce qu´on m´oublie en lisant l´histoire, qu´on ne se réfère pas toujours à l´auteur mais plutôt aux personnages. D´ailleurs, quand des lecteurs m´écrivent, ils me parlent de Ninon et de Fred, jamais de moi !
AVIVA-Berlin : "Dis oui, Ninon" est dédié à vos parents. Comment votre famille a-t-elle réagit au livre ? Votre relation avec eux a-t-elle changé ?
Maud Lethielleux : Ma famille a très bien réagi. Mon père l´a vraiment lu un an après sa sortie, trop éprouvé à la première lecture. La période de mon enfance l´a beaucoup marqué, il en est assez nostalgique car c´était une période où nous vivions complètement librement, dans la nature, sans aucun confort, à un âge où il pensait encore tout possible, où les rêves faisaient figure de réalité. Il a cependant été un peu surpris : il pensait montrer une image de lui très stable or Fred, dans l´histoire, est plutôt fragile et n´a pas tous à fait la mesure des réalités.
Quant à ma mère, j´étais assez inquiète puisque dans l´histoire elle n´a pas toujours le rôle facile. Ma mère a beaucoup aimé, elle m´a écrit une très belle lettre après l´avoir lu et a signé " Zéline " (elle s´appelle Céline et la maman de Ninon s´appelle Zélie). Elle m´a dit " mon dieu : Mais quelle vie bizarre on a eue ! " comme si d´un coup, ça lui sautait aux yeux.
Ma sœur a été un peu jalouse, elle m´a dit " Ninon, c´est toi mais c´est surtout moi ! " et j´ai souri car ça m´a fait penser à nous deux, enfant, toujours à nous chamailler. Aujourd´hui nous sommes toujours très liées, comme dans l´histoire où la relation entre Ninon et sa sœur Agathe est forte, seul repère vraiment stable pour Ninon.
AVIVA-Berlin : Dans une interview, vous dites que vous n´aimez pas vraiment le style des romans écrits du point de vue des enfants. Vous êtes-vous néanmoins inspirée d´autres personnages d´enfants ou au contraire avez-vous volontairement cherché à prendre de la distance avec ces personnages ?
Maud Lethielleux : Il y a des romans écrits d´un point de vue d´enfant que j´ai adorés comme " la vie devant soi " de Romain Gary… mais souvent je suis dérangée car je sens l´adulte derrière, ou bien je trouve l´écriture un peu sage, bien plus que ne l´est l´enfant ! Je pense que les enfants ne sont pas sages du tout, qu´ils sont plein de fantasmes, d´imagination délirante, de noirceur parfois, que l´enfant est très complexe, qu´il n´est pas toujours bien dans sa peau, pas toujours beau…
Non je n´ai pas cherché à prendre de la distance avec des personnages précis, mais j´ai veillé à mettre l´adulte qui écrivait de côté.
AVIVA-Berlin : Quels sont les livres qui vous ont influencée et marquée pendant votre enfance et votre adolescence ? Et aujourd´hui, quels sont vos livres préférés et vos influences artistiques ?
Maud Lethielleux : Oh la la ! Je lis, j´oublie. J´oublie, je lis… des livres de mon enfance en vrac : Pierrot ou les secrets de la nuit de Michel Tournier, Paroles de Prévert (ma mère les récitait, elle les connaissait par cœur), Le vieil homme et la mer d´Hemingway, les livres de Jack London, beaucoup de pièces de théâtres récupérées dans un grenier… nous n´achetions pas de livres, je lisais ce qui me tombait sous la main.
Aujourd´hui je lis beaucoup de littérature générale, mais c´est très éclectique. J´essaie de découvrir des auteurs peu connus qui paraissent dans des petites maisons d´édition, je lis aussi les livres des auteurs que je rencontre. En fait je ne choisis pas vraiment, des libraires m´offrent leurs coups de cœur, nous faisons des échanges avec des auteurs, des lecteurs me conseillent. Actuellement je lis Le batard récalcitrant de Tom Sharp (livre prêté par un auteur), mais hier je lisais Le voyage de monsieur Raminet de Daniel Rocher, un auteur pas connu du tout et sur ma liste d´attente le cadeau d´une libraire : La cabane d´Hippolyte de Marie Le Drian, édité par une petite maison d´édition bretonne.
AVIVA-Berlin : "Dis oui, Ninon" – à qui ou à quoi doit elle dit "oui"?
Maud Lethielleux : J´adore l´expression " Dis oui ". Je l´ai vraiment découverte en accouchant de mon fils. Il y a eu quelques complications et l´accouchement a été très long, alors j´ai passé des heures à dire " oui " pendant chaque contraction. Dire oui changeait profondément mon état d´esprit. Depuis, si je vais mal, je dis oui à voix haute et quelque chose en moi se transforme.
J´aime aussi ce titre car en français existe l´expression " Ni oui, Ni non " et " Dis oui, Ninon " en a presque la sonorité. Et aussi parce que Ninon, tout au long du livre, est partagée entre le oui et le non. Ou quand elle dit oui à quelqu´un, elle dit non à quelqu´un d´autre.
AVIVA-Berlin : Depuis votre adolescence vous continuez de voyagez dans le monde entier. Est-ce que le fait d´écrire vous a rendu plus sédentaire ou au contraire encore plus mobile ?
Maud Lethielleux : Les deux ! Je vis plus en France quand un livre parait, mais j´y voyage beaucoup pour les signatures. J´adore aller signer en librairie et dans les salons et j´accepte toutes les propositions. Mais l´hiver je continue à voyager à l´étranger.
AVIVA-Berlin : Ninon se sent chez elle en étant chez son père. Avez-vous vous même souffert du mal du pays ?
Maud Lethielleux : Je ne sais pas. Je me sens partout chez moi. C´est ce que j´ai appris en vivant comme je l´ai vécu, je crois. Nous apprenions à nous adapter, à dormir dehors, dans le foin, dans le grain… à se sentir chez soi quelles qu´en soient les conditions. Si le feu était allumé, il devenait un repère, l´endroit où nous passions tout notre temps et où nous nous sentions chez nous. Je pense qu´aujourd´hui, même s´il n´y a pas de cheminée partout où je vais ( !), je me crée facilement de nouveaux repères. D´ailleurs j´adore déménager.
AVIVA-Berlin : Ninon rêve de voyager en Afrique et de vivre une vie de musicienne – vous avez réalisé ces rêves. Est-ce que vous saviez exactement ce que vous voulaient ou est-ce que vous auriez pu imaginer avoir une autre vie?
Maud Lethielleux : Je n´ai jamais su ce que je voulais. Mais j´ai toujours suivi mes impulsions. Aujourd´hui encore je n´ai pas de chemin tracé, tout est très malléable.
La seule chose que je sais, c´est que depuis toute petite j´ai toujours adoré le mouvement, le changement et les rencontres. Alors oui, ça m´a mené à des expériences, mais qui n´étaient pas toujours muries et prévues. La routine m´inquiète ainsi que l´enfermement, l´impossibilité de changer de vie par exemple. Alors je m´arrange pour garder un espace de liberté, dont je ne profite pas toujours, mais qui me rassure.
J´aime apprendre aussi, faire de nouvelles expériences, me dire que tout est toujours possible. Je pourrais faire un autre métier, vivre autrement, mais cette soif de liberté est un moteur qui, je pense, resterait stable.
AVIVA-Berlin : Quels pays et cultures vous attirent le plus ? Pourquoi ?
Maud Lethielleux : Je n´ai pas vraiment de préférence. Toutes m´attirent, mais j´accepte petit à petit que je ne pourrais pas toutes les découvrir et que le monde est trop grand pour moi !
AVIVA-Berlin : Dans une interview, vous dites que votre désir d´apprendre des chansons traditionnelles était la raison la plus importante de vos voyages. Vous l´avez fait dans les bidonvilles du Rajasthan et appris de jouer du Sarangi. En jouant et en voyageant avec des tsiganes en Transylvanie vous avez appris le contrebasse que vous jouez encore dans votre groupe "Digitanes". En Israël, vous avez fait du théâtre avec une compagnie alternative, en Inde vous avez pris des cours de chant et en Nouvelle-Zélande et en Australie, vous jouiez au théâtre. Comment ces expériences et ces rencontres influencent-elles aujourd´hui votre écriture, votre musique et votre vie ?
Maud Lethielleux : Ce qui m´a marqué surtout, ce sont les gens. Leur façon d´être, d´aimer, de parler, de se tenir, leur regard, leur timidité, leur pudeur, leur silence, leur maladresse… C´est ce qui me nourrit. Quand j´écris, j´essaie de donner des attitudes à mes personnages, et souvent les silences parlent mieux que les mots. J´écris de façon assez visuelle, je vois les scènes, le regard de mon personnage, son énergie, et tout ça est nourri de ce que j´ai vu.
Les enfants m´ont beaucoup marquée. Les enfants un peu sauvages, très natures, solaires, vivants. La pureté de leurs regards, leur retenue, la profondeur derrière l´innocence. C´est comme si j´avais gardé des milliers de photos dans ma mémoire (je ne prends pas de photos en vrai) et qu´au moment d´écrire l´une d´elles s´imposait.
AVIVA-Berlin : De quel art vous sentez-vous la plus proche ?
Maud Lethielleux : Aujourd´hui, de l´écriture. Je commence aussi à écrire des scénarios et j´écris adaptation de Dis oui, Ninon (sans producteur pour le moment, je le fais pour le plaisir de lui redonner vie).
AVIVA-Berlin : L´écriture et la publication de votre premier roman ont-elles changé votre vie et de quelle manière ?
Maud Lethielleux : Oui, bien sûr, ça a changé certaines choses. J´ai fait de nouvelles rencontres, j´ai découvert l´univers de l´édition, des salons littéraires, des librairies. Et j´ai rencontré des lecteurs que je n´aurais jamais croisés autrement. Des enfants (Dis oui, Ninon est aussi lu par des enfants de 9, 10 ans), des personnes âgées, des adolescents, des maris qui ne lisent jamais mais qui, harcelés par leur femme, avaient fini par lire mon livre, des personnes handicapées, des lecteurs de tous âges et de tous milieux sociaux. Une personne en fin de vie m´a remerciée aussi, une autre qui avait reçu le livre pendant son deuil… Tout ça change la vie, marque et donne envie d´écrire encore.
Mais sinon mon quotidien n´a pas vraiment changé, mes amis sont exactement les mêmes. La difficulté, parfois, c´est quand les amis qui m´ont lu deviennent un peu admirateurs, c´est difficile car j´ai l´impression de ne pas être à la hauteur de l´idée qu´ils se font de moi. Moi, je suis toujours la même, avec mon manque de confiance en moi, mes doutes et questionnements, mes défauts…
AVIVA-Berlin : A-t-il été difficile pour vous de trouver une maison d´édition ?
Maud Lethielleux : Non, pas du tout. J´ai envoyé mon texte un soir et le lendemain après-midi une maison d´édition m´appelait, puis une seconde peu de temps après. On dit souvent que les éditeurs n´ont pas le temps de lire… Je suis la preuve que c´est faux !
AVIVA-Berlin : En mars, vos romans "D´où je suis, je vois la lune" et "J´ai quinze ans et je ne l´ai jamais fait" ont été publiés. Ces deux livres sont écrit du point de vue des adolescents. S´agit-il d´une suite logique après Ninon ou bien vos romans sont-ils pour vous totalement séparés ?
Maud Lethielleux : Non, ce n´est pas une suite, même s´il y a un lien entre Dis oui, Ninon et D´où je suis, je vois la lune (que je ne peux pas dévoiler !)
Moon est une jeune adulte qui vit dans la rue et décide d´écrire un roman. Dans J´ai 15 ans et je ne l´ai jamais fait, il n´y a pas de lien… J´y parle de musique et de fantasmes adolescents.
Ils sont donc séparés mais je pense qu´on y retrouve mon écriture, des points de vue intérieurs et mon amusement à écrire. J´aborde des sujets parfois délicats mais avec, toujours, un regard positif. Mes personnages ont beaucoup d´énergie et de force de vie, un peu comme Ninon. Une lectrice m´a d´ailleurs reprochée de ne pas trouver de " grand méchant loup " dans mes romans… c´est vrai. Ou bien, s´il y en a un, c´est au lecteur de le découvrir. Le narrateur, lui, ne s´y intéresse pas.
AVIVA-Berlin : Écrivaine, musicienne, cinéaste, mère, voyageuse. Comment gérez-vous vous tout cela et qu´est qui vous motive ?
Maud Lethielleux : Il n´y a pas de cloison entre tout cela. J´essaie d´allier toutes mes passions avec l´accord de mon compagnon et de mes enfants. Très souvent nous voyageons en famille. Les instituteurs de l´école sont assez tolérants et nous veillons à ce que toute la famille trouve son équilibre dans ces projets que j´essaie de moduler en fonction de chacun.
Quand un projet semble trop compliqué à mettre en place je l´abandonne et un autre se dessine. J´écris où que je sois donc c´est assez simple…
Ce qui me motive : l´impression, toujours, d´être en vie et de partager ce sentiment avec ceux que j´aime. Et puis, c´est aussi ce que j´aimerais transmettre dans mes livres : une impression de vie.
AVIVA-Berlin : Votre fille est née quand vous aviez 18 ans et vous l´avez amenée avec vous durant vos voyages. Est-ce que vos expériences d´enfance vous ont aidés à faire face à ce défi ?
Maud Lethielleux : Oui, c´est sûr ! Ayant apprécié mon enfance hors du commun et en ayant gardé de beau souvenirs, je n´ai pas vraiment hésité. Ma fille, d´ailleurs, dit que lorsqu´elle aura des enfants, elle voyagera avec eux.
Son père est mort quand elle avait deux ans et nous avons voyagé toutes les deux, ce qui a renforcé notre relation. Les enfants sont si curieux, incroyablement attentifs. Voyager avec eux a plus de sens pour moi que voyager seule.
AVIVA-Berlin : En 2010, après avoir passé plusieurs années dans un éco-village, vous avez déménagé à Nantes, en ville. Pourquoi ? Comment vous sentez vous dans votre domicile actuel ?
Maud Lethielleux : J´avais envie de changement, de voir d´autres visages, de croiser des inconnus. Je me sens très bien à Nantes, parce que c´est une ville dont on sort facilement. Mais je reste très attachée à la campagne.
AVIVA-Berlin : Ninon et son père ont un point de vue très critique face à l´école. Vous avez vous-même passé votre bac plus tard. Si vous pouviez, est-ce que vous changeriez un quelque chose de fondamental dans le système scolaire actuel ?
Maud Lethielleux : C´est une question très délicate car je pense que dans toute méthode il y a du bon et un revers de médaille. J´aimerais que les enfants fassent les choses et apprennent pour leur propre plaisir et satisfaction personnelle et non par esprit de compétition ou par peur de la répression. Le plaisir d´apprendre est si précieux ! Mais je ne pense pas qu´il y ait une méthode miracle. Dans Dis oui, Ninon l´instituteur-accordéoniste qu´elle nomme Hamster a un rôle important. Plusieurs instituteurs qui m´ont écrit m´ont dit qu´ils avaient été très touchés par ce personnage.
AVIVA-Berlin : Qu´aimeriez-vous dire aux voyageurs que nous sommes tous ?
Maud Lethielleux : De garder les yeux ouverts, qu´on peut aller très loin tout en restant sur le pas de notre porte.
AVIVA-Berlin : Merci beaucoup pour l´interview et bonne chance et beaucoup de succès à l´avenir !
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