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AVIVA-BERLIN.de im November 2024 - Beitrag vom 19.06.2006


L´Interview avec Lorraine Lévy
Karin Effing, Sharon Adler

La directrice du film "La première fois que j´ai eu 20 ans", basé sur le roman autobiographique de Susie Morgenstern, sur son travail, être juif en France aujourd´hui et le Prix du Public...




...Gerhard Klein lors du 12ème Festival du Film Juif de Berlin.

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AVIVA-Berlin: Lorraine Levy, nous voulons tout d’abord vous féliciter d’avoir gagné le Prix du Public Gerhard Klein lors du 12ème Festival du Film Juif de Berlin! Le Public et nous avons adoré votre film.
Lorraine Lévy: Merci beaucoup! Je suis très reconnaissante au public de Berlin. Et qui sait si ce prix n’aidera pas le film à trouver un distributeur en Allemagne...

AVIVA-Berlin: Pour vous, qu’est-ce-que ça signifie d’ avoir été le choix du public comme le meilleur film?
Lorraine Lévy: C’est une grande émotion. Un prix décerné par le public me semble toujours plus important et plus fort qu’un prix décerné par un jury de professionnels.

AVIVA-Berlin: Comment était la réaction à votre film en France?
Lorraine Lévy: Nous avons eu de la chance, puisque le film a été bien accueilli par le public et par la critique.

AVIVA-Berlin: Ce film est basé sur le roman autobiographique de Susie Morgenstern. Quand avez-vous lu le livre pour la première fois? Et quand avez-vous decidé d’en faire un film?
Lorraine Lévy: J’ai découvert le livre de Susie Morgenstern par hasard, chez un bouquiniste des bords de Seine. J’en suis tout de suite tombée amoureuse. Il contenait tous les thèmes qui me sont chers : la difficulté de trouver sa place dans la vie, un playdoyer pour le droit à la différence, l’amour du jazz et le sens de l’humour, qui est une arme aussi redoutable que l’intelligence. J’ai eu envie d’en faire le point de départ de mon premier film. Le point de départ seulement, car je souhaitais emmener l’histoire ailleurs, imaginer une autre dramaturgie ,plus proche de moi, d’autres personages - comme l’oncle Jérémy ou la voisine Sahra.
Susie m’a donné son autorisation et m’a laissé toute ma liberté.

AVIVA-Berlin: Le film a un excellent casting - par-dessus tout, la merveilleuse Marilou Berry dans le rôle principal d’Hannah Goldmann. Mais aussi Catherine Jacob dans le rôle de la mère d’Hannah m’a marquée.
Lorraine Lévy: J’ai pensé à Catherine Jacob en écrivant le scénario. C’est une actrice fabuleuse, capable de transmettre toutes les émotions avec finesse et subtilité. Je lui ai envoyé le script avant même de chercher un producteur. En me donnant son accord, elle m’a aussi donné le courage d’aller plus loin.
Je ne connaissais pas Marilou Berry. Elle n’avait encore tourné dans aucun film. Le rôle d’Hannanh était difficile à caster, car les jeunes filles qui fréquentent les cours de théâtre sont généralement minces et soucieuses de leur apparence. Or, ma Hannah était différente. J’ai rencontré beaucoup de jeunes comédiennes. Je n’avais pas le droit à l’erreur puisque le film est entièrement écrit et filmé du point de vue d’Hannah. Quand j’ai rencontré Marilou, j’ai su tout de suite que je l’avais enfin trouvée. Marilou était timide -c’était son premier casting- mais elle a eu une compréhension immediate du personage. Et déjà un talent incroyable.

AVIVA-Berlin: Avez-vous rencontré Susie Morgenstern?
Lorraine Lévy: Bien sûr. Je l’ai d’abord rencontrée pour lui parler de mon projet. Par la suite, Susie est venue passer une après-midi sur le tournage. C’est une femme qui ressemble à ses livres, généreuse, humaine et fantasque.

AVIVA-Berlin: Etre juif en France aujourd’hui, c’est comment?
Lorraine Lévy: Sincèrement, je me sens bien. Je peux vous dire une chose. En France aujourd’hui, il est plus simple d’être juif que d’être Arabe.

AVIVA-Berlin: Le film décrit, entre autres, l’attitude anti-sémite et misogyne de la France des années 60. Comment décririez-vous la situation aujourd’hui, notamment après l’assassinat cruel de Ilan Halimi?
Lorraine Lévy: Le meurtre de Ian Halimi est un cauchemar. Il a choisi sa victime parce qu’elle était juive et que pour lui, "les juifs ont de l’argent" ! C’est l’antisémitisme le plus primaire. Tout le monde en France a réagi avec indignation et colère : le gouvernement, les intellectuels, la presse, tout le monde -juifs et non juifs. Il y a eu également beaucoup de manifestations de soutien et de solidarité envers la famille Halimi.
Le racisme et l’antisémitisme ne cesseront jamais. En France comme n’importe où ailleurs. Il faudra toujours rester vigilant.

AVIVA-Berlin: Et quel rôle joue votre identité juive dans votre vie?
Lorraine Lévy: Je ne suis pas pratiquante. Mais j’ai une conscience aïgue de ma judaïté. C’est une force qui me porte. Un devoir de mémoire et d’exigeance.

AVIVA-Berlin: Pouvez-vous nous parler de vos futures projets?
Lorraine Lévy: J’ai fini le scénario de mon prochain film. Et j’espère le tourner l’été prochain. C’est une histoire qui se déroule entre Paris et le sud de l’Angleterre. Il sera très différent du premier, même si la famille y tient encore une place importante.


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Beitrag vom 19.06.2006

AVIVA-Redaktion